vendredi 25 février 2011

Leptine

Leptine


La leptine (du grec leptos, mince) parfois dite « Hormone de la faim » est une hormone peptidique qui régule les réserves de graisses dans l'organisme et l'appétit en contrôlant la sensation de satiété.

Elle n'est pas une hormone au sens strict car elle n'est pas produite par une glande endocrine, mais elle fonctionne comme une hormone.

Sommaire

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[modifier] Historique

L'hypothèse d'une substance pouvant normaliser le poids d'une souche de souris obèse a été suspectée dès 1973[1]. Le gène responsable de sa fabrication a été isolé en 1994[2], permettant sa synthèse un an plus tard[3].

[modifier] Structure

Il s'agit d'une protéine d'environ 16 kDa (kilodaltons), codée par le gène "OB"[4].

Six récepteurs différents ont été identifiés, appelés Ob Ra-f, le plus étudié chez l'homme étant le type b[5].

[modifier] Fonctions

C'est une cytokine (adipokine) produite et sécrétée dans la circulation sanguine par les cellules adipeuses (adipocytes). La leptine est la première hormone (Pro-hormone) à avoir été identifiée dans le tissu adipeux.

Son action essentielle est de diminuer la prise alimentaire grâce à sa fixation sur l’hypothalamus (via ses récepteurs, l'alpha-msh et le neuropeptide Y) ventro-médian. Sa présence en quantité plus importante augmente aussi la dépense énergétique en majorant la production de chaleur par l'organisme (thermogenèse). La cible principale de la leptine est le noyau arqué de l'hypothalamus. Ce dernier exprime deux neuropeptides orexigènes, le NPY (en) et AgRP (en) dont la sécrétion est inhibée par la leptine et l'insuline et deux neuropeptides anorexigène, POMC et CART (en) dont l'expression est stimulée par la leptine et l'insuline[6].

Sur le plan métabolique, une sécrétion importante de cette hormone (induite par une quantité de masse grasse supérieure), induit une lipolyse, inhibe la lipogenèse et augmente la sensibilité à l'insuline. Par ailleurs, elle diminue également la sécrétion en insuline et réduit la néoglucogénèse interprandiale. À l'inverse, le manque de leptine induit une augmentation (via son affinité avec l'alpha msh et le neuropeptide Y) du stockage de masse grasse ainsi qu'une augmentation de l'affinité pour les aliments.

La leptine a également été identifiée comme étant un puissant inhibiteur de la formation osseuse lorsqu'elle est présente en grande quantité, en stimulant la résorption et en déprimant la formation ostéoblastique. A faible dose, elle préviendrait cette perte osseuse.

Il semble qu’il existe une différence sexuée dans la sécrétion en leptine puisqu’à quantité de tissu sous-cutané égale, les adipocytes féminins sécrètent trois fois plus de leptine que les adipocytes masculins.

[modifier] Leptine et santé

  • Un taux de leptine élevé semble corrélé avec un risque plus important d'infarctus du myocarde[7],[8], et ce, indépendamment du niveau d'obésité[4]. De même, le risque de survenue d'un diabète pourrait augmenter dans le même registre, du moins chez l'homme[9].
  • Une mutation du gène (appelé DB) du récepteur de la leptine entraîne une obésité extrême.
    La leptine serait responsable de près de 3% des obésités sévères juvéniles mais le taux de leptine circulante resterait dans ce cas, à peu près, normale, ce qui impose un diagnostic génétique[10].
  • Leptine et maladie d'Alzheimer : La leptine joue sur le développement et l'évolution du cerveau. Elle diminuerait les concentrations de bêta-amyloïde [11], la composante principale des plaques qui se développent dans le cerveau des personnes touchées par la maladie d'Alzheimer.
    Avoir un taux sanguin de leptine bas prédispose statistiquement quatre fois plus au risque de maladie d'Alzheimer [11].
    Cette influence semble indépendante de l'obésité abdominale (qui augmente le risque de démence et est liée à des taux bas de leptine). L'étude (américaine) a d'abord mesuré (de 1990 à 1994) les taux de leptine de plusieurs centaines de personnes âgées. Les scans de cerveau de ces personnes - faits 8 ans après la fin de l'étude - ont montré qu'un quart environ de ceux qui avaient antérieurement le moins de leptine dans le sang ont entre-temps déclaré la maladie d’Alzheimer, contre seuls 6% chez ceux qui présentaient un taux élevé). La leptine pourrait donc être un biomarqueur de maladie d’Alzheimer, voire un futur co-médicament, cependant un bas taux de leptine n'implique pas non plus l'apparition d'une démence. En laboratoire, la leptine traite des souris atteintes d'obésité, mais pas chez l'humain, son efficacité contre la maladie d'Alzheimer reste donc à démontrer.
  • Le taux de leptine peut diminuer en cas de régime alimentaire [12], de tabagisme[13]. Il est modifié, dans un sens ou un autre, par divers médicaments[4].
  • L'utilisation thérapeutique de la leptine pour parvenir à une perte de poids pourrait donner des résultats prometteurs [14].
  • La leptine stimulerait la prolifération des cellules cancéreuses du sein, in vitro[15]


samedi 12 février 2011

L'obésité a doublé dans le monde

Parmi les grands pays riches, la palme du surpoids va aux États-Unis et celle de la minceur au Japon. Les Européens, notamment les Français et les Italiens, sont plutôt bien placés.

Des chercheurs - Majid Ezzati, de l'Imperial College de Londres, et Salim Yusuf et Sonia Anand, de l'Institut de recherche Population/santé de Hamilton, Canada - ont étudié la progression du surpoids entre 1980 et 2008 chez les personnes de plus de 20 ans.

Indice de masse corporelle

Le surpoids est atteint quand l'indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids au carré de la taille en mètre) dépasse 25, l'obésité quand il atteint 30. À 35, on parle d'obésité sévère.

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En 28 ans, l'IMC a augmenté aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Dans le monde 1,46 milliard d'adultes sont en surpoids et la prévalence de l'obésité a quasi doublé, touchant 205 millions d'hommes et 297 millions de femmes -soit 9,8 % des hommes et 13,8 % des femmes.

«Le surpoids et l'obésité, l'hypertension et le haut niveau de cholestérol ne sont plus désormais l'apanage des pays occidentaux ou des pays riches et ont glissé vers les pays à revenu bas ou moyen», a commenté le Pr Ezzati.

Partout dans le monde

Hommes ou femmes, c'est la petite île de Nauru (Pacifique sud) et ses 14 000 habitants qui connaissaient en 2008 le plus haut niveau moyen d'IMC, de 33,9 chez les hommes et de 35 chez les femmes. Nauru était déjà championne du monde d'obésité en 1980, mais à des niveaux nettement moindres (hommes: 28,1 et femmes: 28,3).

L'obésité est d'ailleurs la norme dans nombre d'îles ou archipels de l'Océanie, comme les Iles Cook, Tonga, les Samoa, la Polynésie française...

Dans les pays riches, les États-Unis, avec une forte montée depuis 1980, gardent la palme du surpoids avec un IMC de plus de 28, suivis de la Nouvelle-Zélande, tandis que le Japon a l'IMC le plus bas (22 pour les femmes et 24 pour les hommes).

Les femmes du Bangladesh sont celles qui se rapprochent le plus de l'indice de maigreur (fixé à 18,5), comme les hommes de RDCongo.

Cas unique en Europe occidentale et rare dans le panorama mondial, l'IMC a baissé en 28 ans chez les femmes d'Italie, tandis qu'il n'augmentait que très peu en Belgique, en Finlande et en France, selon l'étude qui ne donne pas d'explications.

Les femmes de Suisse sont les plus minces d'Europe, suivies ex aequo par celles de France et d'Italie, juste en-dessous du seuil de surpoids.

Les Français sont les hommes les plus minces d'Europe, sous le seuil de surpoids aussi, juste devant les Groënlandais, les Danois et les Néerlandais.

Maladies

Les chercheurs rappellent que le surpoids est un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires, le diabète et le cancer et serait à l'origine de quelque 3 millions de morts chaque année.

Parallèlement, ils ont constaté aussi des baisses de l'hypertension et du cholestérol dans les pays les plus riches, imputables notamment à un meilleur dépistage et aux traitements, et des tendances à la hausse dans les autres pays.

La bataille du poids est mondialement difficile à gagner: pour le Pr Yusuf et le Dr Anand, contrôler la pression sanguine, le cholestérol et le tabagisme «pourraient conduire à des réductions rapides et substantielles des taux de maladies cardiovasculaires», alors même que le contrôle de l'obésité nécessiterait des interventions «prolongées» sur des dizaines d'années.